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Florilège (3) |
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Carnet d'un biologiste
Carnet d'un biologiste. Livre de Poche. Couverture de l'édition 1971.
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A entendre les philosophes, ne les dirait-on pas candidats à un examen où répondre n'importe quoi vaut mieux que de se taire ? | |
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Il y a aussi toute la bassesse qui échoue. | |
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La puissance de l'homme croît plus vite que sa sagesse : il y a là ce que les biométriciens appellent une "allométrie majorante". | |
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Il est permis de se
demander, hélas ! si le fanatisme, par le jeu même de ses méthodes, ne confère pas une
survie préférentielle dans la concurrence des groupes. La bonne foi, le scrupule, le respect de l'homme, etc., seront peut-être demain des caractères létaux. |
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"Comment pouvez-vous vivre en ne
croyant à rien ?" me dit-on quelquefois. Et vous-même, suis-je tenté de répondre, comment pouvez-vous, croyant à tout, ne vivre que comme vous vivez ? |
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Moi, si peu badaud pour tout
ce qui touche à l'humain, je le suis à l'extrême pour l'animal. Je m'arrête pour
écouter la stridulation d'un criquet, pour voir un carabe traverser le chemin ; j'attends
que s'envole une cétoine venant d'entrouvrir ses élytres ; je suis des yeux le
balancement d'un capitule qui a fléchi sous le poids d'un bourdon. Beauté innocente de la vie. Plaisir reposant à considérer ces chefs-d'oeuvre anonymes qui ne s'adressent à personne, ne prétendent à rien, n'attendent aucune louange... Oeuvres sans arrière-pensée, sans intention, sans visée, pures de ce relent d'exhibitionnisme qui gâte toute production humaine. C'est vrai, je ne connais guère le Louvre, je ne fréquente ni les musées ni les cathédrales, je me désintéresse des plus hautes créations de l'art. J'ignore presque tout de ce qui excite l'enthousiasme des connaisseurs... Mais vous, connaissez-vous les yeux des Perles, le ventre des Copris, les ailes des Caloptéryx ? |
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Métapsychie, astrologie, occultismes de toute espèce, etc. On me trouve trop sévère pour tout cela. Mais il est si rare que je sois sûr d'avoir raison : pour une fois, j'en profite. | |
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Ne pas confondre sectarisme et police intellectuelle. | |
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Qu'un dictateur revienne au bon sens, et aussitôt l'on crie au génie. | |
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Nous serons aussi étonnés, plus tard, d'avoir eu des politiciens pour maîtres que nous le sommes aujourd'hui d'avoir eu des barbiers pour chirurgiens. | |
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Ils disent : "Puisqu'on
ne sait rien, laissons la porte ouverte à tous les possibles." Soit, rien à répondre à cela ; mais à condition que, d'une ignorance loyalement assumée, on ne prétende faire sourdre aucun semblant d'affirmation. |
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Je consens qu'on fasse béer nos lacunes pourvu qu'on ne les bouche pas avec des rêves. | |
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Inconvénient du faux savoir, comme du "faux-aliment". Il bloque les "valences" disponibles pour les nourritures valables. | |
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Celui qui n'est soutenu par aucune foi doit, à toute minute, recréer sa propre lumière. |
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